Un mois 3 S pour la femme palestinienne – Sahar ELKHATEB

Un mois de Sang, de Sacrifice et de Soutien

Un mois de Sang :

Du 08 mars, journée de la femme, au 21 mars, journée de la mère, Quels présent et avenir pour la femme palestinienne à Gaza et dans les territoires occupés ?

Depuis 75 ans, la femme palestinienne vit rudes épreuves après rudes épreuves auxquelles la communauté internationale ne put trouver de solution et n’y arrive toujours pas subissant ainsi un échec assourdissant et flagrant à l’ère de la mondialisation « des droits et des valeurs de l’homme». En effet, tous les rapports démontrent les conditions inhumaines dont souffrent les femmes à Gaza qui subissent chaque jour en ce mois de la femme, un génocide collectif sans précédent dans l’histoire de l’humanité. En effet, +8 900 femmes palestiniennes ont été tuées, +23 000 blessées, +2 100 portées disparues et plus de 500 000 déplacées et ce ne sont que des premiers chiffres ; qui ne révèlent qu’une partie de l’horreur vécue depuis 6 mois. L’ONU qui commémore la journée internationale de la femme tous les 8 mars depuis 1977 pour faire rappel des droits de la femme à travers le monde, échoua à assurer une protection internationale aux femmes en Palestine contre le génocide, la torture, le déplacement, l’amputation, la famine, la perte des membres de la famille….

En ces jours du 8 mars –Journée de la Femme- et du 21 mars –Journée de la Mère, la femme palestinienne subit des crimes contre l’humanité, endure les cruautés des forces de l’occupation sioniste et souffre atrocement de la guerre génocidaire continue qui dure depuis 6 mois maintenant contre la bande de Gaza sans parler des agressions inqualifiables dans le reste des territoires occupés palestiniens. Depuis les premiers jours de l’agression contre Gaza, les forces de l’occupation enfreignent sans arrêt les règles internationales et les Lois des droits de l’homme. Elles commettent sans cesse et preuves à l’appui des crimes de génocide collectif et des crimes de guerre ainsi que des crimes contre l’humanité : les civils, et en majorité les femmes et les enfants, sont bombardés directement et de façon préméditée. En effet, les résidences d’habitat sont détruites par les obus et les tirs d’avions, les personnes déplacées sont visées là où elles vont, que ce soient dans les couloirs humanitaires ou dans les écoles de l’UNRWA, ou dans les tentes, et sont dépossédés de leurs droits, de leurs biens et de leurs dignités. Dans ce génocide, ce sont les femmes et les enfants qui sont le plus affectés par les crimes sionistes commis malgré leur statut protégé dans les lois internationales. S’ils ne meurent pas lors d’un bombardement, ils sont ensevelis sous les décombres ou pendant leur déplacement.

Les formes de génocide se multiplient entre la mort sous les décombres, ou à l’intérieur d’un centre d’acceuil ou dans les hôpitaux ou durant les tentatives de fuite des zones bombardées pour essayer d’échapper à une mort certaine. Les forces de l’occupation ont assassiné  9 000 femmes, plus de 20 000 dames sont devenues invalides dont 1 000 le seront à vie.  Presque 2 000 femmes parmi  8 000 sont portées disparues sous les décombres de leurs demeures qui se sont transformées en tombes communes. D’autre part, 280 femmes dans la bande de Gaza sont détenues dont des femmes âgées et des nourrissons, et selon les témoignages recueillis, elles ont subi des traitements très cruels, certaines d’entre elle ont reportés qu’elles ont été fouillées nues, harcelées sexuellement, et torturées. D’autres femmes continuent d’être détenues par les forces de l’occupation sans que l’on sache leur sort. A titre d’information, toutes les détenues de la bande de Gaza dont le nombre dépasse les 4 000 détenues, peuvent être classées parmi les victimes de la disparition forcée vu l’absence de toute information les concernant.

Durant l’agression sioniste, environ un million de femmes dont des jeunes filles ont été déplacées de force avec leurs familles, ayant perdu leur maisons, et vivant dans des conditions dramatiques inhumaines en raison de la faim, de la soif, des maladies et des épidémies. La famine est un danger prééminent dans la bande de Gaza et le besoin pressant des denrées alimentaires se fait de plus en plus sentir avec une capacité épuisée d’adaptation à la situation. Il est certain que toutes les femmes qui ont pu être sauvées d’une mort certaine du génocide sioniste, en sortiront avec des blessures profondément enfouies, qui vont les accompagner tout le long de la vie : certaines d’entre elles ont perdu leurs  fœtus du fait de la grande peur, de la pression psychologique et des longues distances qu’elle parcoururent pendant leur déplacement.   D’autres ont assisté à l’assassinat de leurs maris et de leurs enfants. Les femmes souffrent de punitions collectives, comprenant les coupures d’électricité, et d’eau, des aides humanitaires très restreintes, le manque des denrées alimentaires, des médicaments, la destruction du système des services de santé en raison de l’aggression en continu perpétrée contre la bande de Gaza. Les femmes manquent aussi d’espaces dédiés dans les centres d’acceuil très encombrés, sans parler de l’absence des produits d’hygiène féminine. Le nombre de familles dont la subsitance matérielle est assurée par des femmes est en croissance étant donné le nombre accru des hommes tombés en martyrs, ces femmes vivent dans des conditions insalubres où prévalent l’insécurité économique et humaine.

Environ 60 000 femmes enceintes dans la bande de Gaza souffrent de complications pendant la grossesse et durant l’accouchement, complications qui ne peuvent être traitées vu le manque de soins médicaux, la malnutrition et la déshydratation, puisqu’elles vivent dans une insalubrité très sévère. Nombreux sont les nourrissons qui naissent avant terme, ou naissent en deca du poids de naissance normal, ou souffrent de problèmes de santé. De plus, les mamans allaitantes ont une très faible production lactifère en raison de la sous-alimentation, elles ne peuvent, non plus, assurer un allaitement artificiel à leurs nourrissons en raison de la rareté des préparations lactées pour nourrissons et de leurs prix exorbitants dissuasifs, ce qui pousse les mères à avoir à recours à des préparations alternatives insuffisantes et non sécurisées pour allaiter leurs nourrissons.

Quant à la Cis-Jordanie et à la ville de Al-quds (Jerusalem), se succèdent les agressions et les crimes de l’occupation sioniste à l’encontre des femmes. Les plus dangereuses furent les opérations d’assassinat prémédité de femmes et les blessures de plus de 300 dans la Cisjordanie, dont 200 seulement depuis le début de l’agression sioniste contre la bande de Gaza. 56 parmi elles sont toujours en captivité dans les prisons de l’occupation, subissant plusieurs violations de leurs droits et de leur dignité durant les interrogatoires comme les insultes, les tortures, les humiliations, la privation de sommeil, les intimidations cruelles, les harcèlements, dans une violation flagrante de toutes les lois et chartes internationaux, au vu et au su de tout un monde complice[1].   

Un mois de Sacrifice

Les scènes indescriptibles de la mère palestinienne qui sacrifient ses enfants en martyr pour la libération de son pays, de son peuple, et de son lieu saint (Al-Aqsa) pour le salut de toute une oumma, Les images de cette femme iconique alors qu’elle est debout devant sa demeure détruite, confirmant qu’elle va la reconstruire restent déroutantes pour toutes les autres femmes du monde. Une telle femme qui affirme qu’elle n’abandonnera jamais sa terre et qu’elle y restera même s’elle en paie le prix par sa vie et par la vie de ses enfants. La femme palestinienne est une école de militantisme, de résistance et d’attachement à la patrie, elle a permis l’émergence de générations successives qui refusent les opérations de transfert et de déplacement, et voit en la mort en martyr le souhait le plus ultime. La femme et la mère palestiniennes sont des porteuses légendaires d’une cause ancrant dans les membres de leur famille l’esprit de résistance pour la foi,   pour la terre de la Palestine et pour les lieux de culte sacrés tel que la mosquée « Al-Aqsa ». La femme palestinienne a légué à ses enfants et à ses petits-enfants les clés de leurs maisons pour que la cause palestinienne reste vivace et vivante, et se transmette de génération en génération, d’où ce nombre élevé des victimes parmi les femmes. En effet, l’ennemi sioniste les vise de façon préméditée, soit directement par l’incarcération, la torture ou le meurtre ou indirectement, en ciblant l’époux et les enfants par le meurtre ou l’incarcération. Cependant, cette femme, emblème de la dignité et de la fierté, est restée l’agent de soutènement de tous malgré les souffrances, les atrocités qu’elle endure. Elle n’a jamais fait preuve de faiblesse ou de défaitisme devant l’ennemi, elle a transcendé ses peines pour brandir l’étendard des sacrifices devant un monde dépourvu d’humanité et d’empathie. Un exemple de constance et de stabilité, qu’elle a transmis à ses petits dans le lait maternel. Ainsi des générations militantes ont émergé, attachées à leurs terres, résistant à l’occupation et à l’oppression même par des jets de pierre. 

L’autre aspect phare du Sacrifice en ce mois de mars, est que la femme palestinienne s’est sacrifiée pour la libération de toutes les femmes à travers le monde. N’avons-nous pas vu, en image et en son, les innombrables témoignages de femmes à travers la planète, de divers cultures et cultes, qui ont été inspirées par la femme palestinienne pour réclamer leur liberté et leur libération. Un sacrifice non seulement en ovation à la liberté mais aussi en acclamation à la libération de tout oppresseur. Plusieurs femmes, toutes confessions confondues, se sont converties à l’islam en voyant la force de la foi chez la femme palestinienne. N’est-ce pas un rayonnant sacrifice pour la bonne cause.

Un mois de Soutien

En ce mois de la femme, les félicitations qui s’imposent doivent être précédées par des mesures pratiques de soutien, de respect et d’arrêt immédiat des atrocités commises contre elles. En effet, la femme palestinienne est victime d’un état d’impuissance et d’hypocrisie, de ces deux poids deux mesures des organisations internationales qui, soi-disant, sont les défenseurs des droits de la femme. Tout le long de ces 6 mois de guerre génocidaire, ni les organisations internationales de défense des droits de la femme ou de de défense des droits de l’enfant, n’ont pu agir sur le terrain ou même auprès de l’ONU. L’occupant oppresseur tente de museler les organisations de défense des droits des femmes et de défense des droits humains en Palestine et les classe comme « organisations terroristes ».

  Combien de temps encore la communauté internationale permettra-t-elle à Israhëll de violer systématiquement le droit international en perpétuant ses crimes génocidaires à l’encontre du peuple palestinien, en imposant un embargo injuste et cruel, provoquant la non-assistance aux personnes en danger. Ainsi de tels actes inqualifiables ne peuvent que perdurer s’ils restent dans l’impunité.

Si on veut honorer et rendre justice aux femmes palestiniennes, on devrait statuer de façon urgente un cessez-le-feu immédiat, la libération de toutes les femmes incarcérées dans les prisons d’Israël, il faudrait mener des investigations sérieuses sur les actes de torture, d’harcèlement, d’atrocités, et d’autres violations des droits des femmes avant et durant cette agression, et les preuves ne manquent pas. De plus, il faudrait débloquer l’accès et le cheminement de l’aide humanitaire. Il faudrait recourir à tous les mécanismes internationaux de protection des femmes et prendre les mesures et les dispositions nécessaires au renvoi des crimes de l’occupation devant la justice internationale, assurant la poursuite judiciaire des criminels de guerre pour les atrocités perpétrées contre les femmes. Il faudrait penser même à mettre en place un système de compensation des femmes victimes de ce génocide bien qu’un tel système, s’il voit le jour, ne puisse réparer que les dégâts matériels mais ne puisse guérir un membre amputé ou ressusciter des êtres chers, ou encore remédier aux entailles profondément enfouies. Enfin, nous pouvons dire que fierté, patience, constance, espérance n’ont de mérite que parce qu’elles sont au féminin et surtout que parce qu’elles sont brandies haut et fort par la femme palestinienne et par la femme emblématique de la bande de Gaza. Paix éternel à vous, Ô femmes de Palestine.

[1] Statistiques publiées par la Commission Internationale pour le Soutien des droits des palestiniens (International Committe to Support the Palestinians’ Rights- ICSPR)

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