Sur la voie des retrouvailles avec la Palestine Spoliée En commémoration de la Nakba de 1948[i]- Sahar ELKHATEB

En 1948, 750 000 palestiniens furent obligés de quitter leur terre ancestrale, après que la majorité écrasante d’entre eux ait été expulsée de leurs villes et villages, tombés sous l’occupation des colons sionistes par l’intimidation ou par la force des armes. Certaines estimations rapportent que 280 000 de ces populations expulsées se sont réfugiés à la rive ouest du Jourdain, 70 000 à la rive est du Jourdain, 190 000 à la bande de Gaza, 100 000 au Liban, 75 000 en Syrie, 7 000 en Egypte, 4 000 en Iraq, et le reste des réfugiés se répartirent sur les autres pays arabes. L’opération de transfert de ce grand nombre s’est faite sur quatre phases, suivant un plan sioniste, basé sur des considérations géographiques et démographiques servant les intérêts des puissances coloniales.

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L’expulsion des populations de leur patrie est un crime de guerre, et les empêcher d’y retourner est un autre crime de guerre. De ce fait, Israhell n’a pas seulement commis un crime en 1948 mais il perpétue son crime depuis cette date.

Avant la phase d’expulsion des populations palestiniennes, plusieurs évènements eurent lieu, étant à l’origine de cette Nakba.  En 1945, la première année suivant la fin de la deuxième guerre mondiale, fut crée la Ligue des Etats Arabes, par injonction du Royaume Uni. A première vue, on croirait que la création de la Ligue serait un obstacle devant la création d’un Etat Juif, alors que ce fut le contraire. Le Royaume Uni voulait réunir tous les pays de la région pour exercer son influence dessus à travers ses amis proches comme le roi de Jordanie et le roi d’Egypte. Les 7 Etats fondateurs de la ligue sont les pays voisins de la Palestine, que sont l’Egypte, la Jordanie, la Syrie, le Liban, l’Iraq, l’Arabie Saoudite et le Yémen. Ces mêmes pays figurent également sur le plan du Grand Israhell excepté le Yémen. Le Royaume Uni voulait, avant de quitter la région, ôter des mentalités l’idée de se réunir sur la base de l’islam. Il voulait tisser un lien national qui est le Panarabisme entre ces pays en face de l’Etat sioniste, qui annoncera plus tard un nom national qui est Israhell au lieu de choisir un nom d’Etat religieux comme l’Etat des Juifs, ainsi le conflit restera entre des nationaux et non entre des religions. Ce fut un stratège pour   neutraliser les pays musulmans non arabes. La Grande Bretagne avait pour but de mettre en place un organisme qui prétend défendre les intérêts arabes par les paroles sans possibilité de mise en action sur le terrain, il suffit que la dite ligue prenne des résolutions « théâtrales » sans les faire appliquer par des actions. Le but étant de calmer les ferveurs des peuples de ces Etats. Le Comble est que nous voyons cette attitude de la ligue se perpétuer jusqu’à ce jour et même empirer comme il est le cas quant au génocide perpétré à Gaza pendant 7 mois.

Une fois le mandat britannique délivra la Palestine aux groupuscules sionistes, il légua ses possessions dans la région aux Etats Unis qui commencèrent à prendre en charge la mission de la création de l’Etat sioniste. En effet, le président Roosevelt proposa au roi Abd- Elaziz de faire de lui un leader des arabes et la somme de 20 millions de livres sterling en contrepartie de son aide à faire transférer tous les arabes palestiniens et déclarer toute la Palestine une patrie pour les juifs, chose que refusa le roi sage Abd El-Aziz qui répondit au président Roosevelt : Puisque cette question est humaine et qu’il s’agit de sauver les juifs des exactions leur étant infligées par les allemands, et vu que l’Allemagne a subi la défaite et toutes ses possessions ont été réparties sur les alliés, pourquoi ne pas consacrer une partie des ces vastes terres à ces juifs ? Réponse qui fut à l’honneur de ce leader arabe. Cet incident n’est autre que la preuve que depuis 1945, les Etats Unis œuvraient à créer un état sioniste en Palestine.

En 1946, les USA s’associèrent à l’Angleterre pour mettre en place une commission chargée de concilier les opinions opposées à propos des palestiniens et des juifs. Cette commission visita les camps de rescapés juifs du Nazisme en Allemagne, en Tchécoslovaquie et en  Pologne, puis visita la Palestine, ensuite prit des décisions supposées être « équitables » qui sont le transfert immédiat de 100 000 juifs de l’Europe vers la Palestine, la mise en vente des territoires palestiniens, et le placement de la Palestine sous mandat international de l’ONU, ce qui ne fut pas accepté par les juifs qui voulaient la placer sous l’autorité sioniste. Ainsi cette commission n’a eu pour rôle que de coordonner le transfert des juifs sous la protection de l’armée britannique, stationnaire en Palestine sous les ordres des américains. Cette commission a confirmé clairement les intentions américaines injustes vis-à-vis de la cause palestinienne alors qu’ironiquement, les Etats Unis sont désignés comme l’Etat « pionnier » de la justice et de la liberté dans le monde.   

 En 1947, le plan de partage de la Palestine est discuté par l’ONU. En novembre 1947, un projet de loi est proposé par les Etats Unis et l’Angleterre à l’ONU visant le partage de la Palestine entre juifs et palestiniens comme solution à la question palestinienne. Un partage donnant une partie du territoire palestinien aux juifs pour créer leur Etat et l’autre partie des territoires allait être gardée par les Palestiniens. Nous ne savons pas si les USA accepteraient d’accorder aux musulmans, après que ceux-ci aient atteint un nombre considérable avoisinant les 8 million, une partie du territoire américain pour qu’ils y créent un Etat ? Serait-ce possible ? Si par exemple, on fait transférer un peuple comme les Malaisiens par exemple en Australie, seraient-ils autorisés, après un laps de temps de  30 ou 40 ans à demander à créer un Etat sur le territoire australien ? C’est ce qui se passa en Palestine, il y a eu la migration forcée de groupes de juifs et après quelques années, ils réclamèrent la création d’un Etat en Palestine. Non seulement cela, mais l’injustice a pris de plus en plus de l’ampleur : le plan de partage de l’ONU accorda 56,5 % aux juifs et 43 % aux palestiniens, les propriétaires de la terre. Le plan de partage exclut Jérusalem et la désigna comme ayant un statut international, ce qui n’a pas été respecté par la partie sioniste. Une autre injustice issue de ce plan de partage fut de fragmenter la partie palestinienne en deux parties distinctes : une région à l’est qui est la Cisjordanie, et une partie à l’ouest qui est la bande de Gaza et sa région avoisinante alors que la partie sioniste prit la forme d’un anneau encerclant toutes les parties des territoires palestiniens, et ce dans le but de compléter l’occupation du pays dans une phase ultérieure. Parmi les injustices exercées par les USA, c’est que le plan de partage fut soumis au vote, et devait recevoir les deux tiers des voix pour qu’il soit adopté, cependant, cette première tentative n’ayant pas abouti,  chose qui ne fut pas accepté par les USA qui demandèrent de renouveler le vote. Ainsi, après quelques jours, durant lesquelles, les USA firent pression sur trois Etats désapprobateurs du plan de partage que furent les philippines, Haïti et Liberia, et ce pour atteindre les deux tiers des voix et faire adopter le plan de partage. Ainsi, les trois Etats cédèrent à l’intimidation et votèrent en faveur du plan de partage  et  la résolution 181 fut adopté en 1947. Sur ce sujet, commenta le ministre de la défense Américaine de l’époque James FORRESTAL dans ses mémoires en disant: « les moyens utilisés pour faire pression et intimider les autres Etats au sein de l’ONU sont scandaleux ». Le monde en entier, dont le monde musulman, fut surpris de la face hideuse des USA.

Mais quel fut la position arabo-palestinienne du plan de partage ? Les peuples arabes bouillonnèrent, car la résolution fut injuste, et la décision de partage inéquitable. La ligue Arabe s’aligna avec les peuples et prit des résolutions fortement formulées et les communiqua aux USA et à l’Angleterre qui lui imposèrent des ordres la faisant revenir sur la majorité des résolutions prises. La position arabe se répartit entre deux clans, le clan du Mufti Amine Al-Houssaini et le Clan du Roi AbdAllah de Jordanie ; le premier voulait mener la résistance contre les sionistes et le second voulait annexer la Cisjordanie, issue du plan de partage, à la Jordanie. Les juifs, en contrepartie, ne perdirent pas de temps, firent appel aux USA et à l’Angleterre et à l’Europe de L’Est pour armer et entraîner  70 000 juifs provenant de plusieurs pays du monde. L’écart d’armement entre les juifs et les palestiniens fut considérable bien que l’esprit de la résistance et la détermination de libération chez les palestiniens et les arabes aient été très forts.

En parcourant l’histoire de la Nakba de 1948, on comprend mieux les prises de position des différentes parties, des Etats-Unis, des gouvernements arabes, de l’Angleterre et bien entendu de la partie injustement et longtemps opprimée et massacrée que sont les palestiniens. Depuis, les différentes parties poursuivirent le soutien, l’armement de la partie sioniste et sont par conséquent complices du génocide en cours à Gaza, même les gouvernements arabes sont complices par leur silence et l’aide apportée à l’oppresseur sans honte et sans pudeur. Ceci est expliqué certes par l’emprise historique des puissances occidentales dominant les gouvernements arabes.   

Dans l’absolu, la cause palestinienne est la cause la plus critique dans la vie et l’histoire de la Oumma islamique, c’est la cause d’un peuple qui subit un génocide, d’une terre spoliée, de dignités humiliées, de sacro saints profanés, de principes violés. La cause palestinienne n’est pas la cause des palestiniens seuls, elle est la cause de tout musulman, qu’il soit en Palestine, en Egypte, en Indonésie ou au Maroc, qu’il soit en Amérique, en Europe et en Australie. Tout musulman doit participer à la résolution de cette injustice par plusieurs moyens : tout d’abord par la compréhension et la perception juste et précise de la cause de la Palestine qui est une terre islamique, devant être obligatoirement libérée et purifiée par la force, parce que les droits ont besoin de la force pour les protéger. La Palestine doit être libérée non seulement parce qu’on y trouve la mosquée Al-Aqsa et Al-quds (Jérusalem), malgré le statut et la valeur spirituels de ces endroits chez les musulmans. La Palestine  doit être libérée non parce qu’elle est une terre arabe. Le Panarabisme ne doit pas primer au dépend de la dimension religieuse de la question bien que  tout arabe ressente de la fierté envers la langue arabe qui est la langue de la révélation. La Palestine doit être libérée non seulement pour résoudre le problème des refugiés. La libération d’une terre islamique est un devoir qui ne peut être compensé par de l’argent ou par le don d’une autre terre. La Palestine doit être libérée non seulement pour arrêter le génocide sanglant, car nous savons que la terre ne peut être libérée que par des sacrifices, que ce qui est arraché par la force, ne peut être restitué que par la force. Une bonne perception cognitive de la Cause palestinienne ouvre sûrement la voie devant la libération. Vient ensuite un autre moyen de levée de cette injustice. Il consiste à lutter contre le défaitisme interne chez les musulmans et à insuffler l’espoir dans les esprits et les cœurs.  La perception cognitive, juste et éclairée, des concepts et notions et la lutte contre le défaitisme sont des moyens primordiaux parmi d’autres pour rendre justice et résoudre la situation en Palestine. Ces deux moyens ne peuvent être efficaces sans être accompagnés par la réforme de l’individu et de la société, réforme devant être en symbiose et en conformité avec le Noble Coran, et la tradition prophétique. D’ailleurs, ces trois moyens se sont parfaitement incarnés chez la population de Gaza et devraient l’être à l’échelle de toute la Oumma islamique.

Ce mois-ci, nous commémorons la 67ème année de la Nakba de 1948, suite à laquelle les réfugiés palestiniens furent astreints à se disperser dans tous les pays du monde, portant leurs douleurs et leurs espoirs de retrouvailles avec la Palestine. Aujourd’hui, Gaza vit une autre Nakba avec un génocide sans précédent et un transfert massif de réfugiés dans une zone très réduite. Je crois cette fois-ci, ce génocide ne sera pas suivi de décennies d’occupation, de violence, de détention et d’exactions. Ce génocide est l’évènement phare qui porte le présage du périple de la libération. Cette fois-ci, le prix payé par Gaza et les sacrifices faits par sa population annoncent non seulement la libération imminente de la Palestine mais la libération de toutes les bonnes volontés et consciences aspirant à retrouver de nouveau la liberté et à mettre un terme à l’asservissement et à l’injustice auxquels elles sont assujetties, consciemment ou inconsciemment, pendant très longtemps. Un asservissement exercé par un système qui a prouvé son impuissance, sa culpabilité, sa partialité et sa complicité avec les criminels de guerres et les génocidaires de l’humanité. Sur la voie de sa libération, la Palestine est entrain de libérer le monde. « Certes, la prédominance d’Allah est imminente » Verset n°214 de Sourate Al-Baqara (La vache).

 ” ألَا إِنَّ نَصْرَ اللَّهِ قَرِيبٌ ” سورة البقرة، الآية 214.

 

 

 

[i] Traduit et adapté de l’arabe « Pour qu’il n’y ait pas une autre Andalousie ?, série sur la Palestine, Ragheb SERJANI.

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